....Neuroscience and mediation: towards a super mediation?..Neurosciences et médiation : vers une super médiation ?....

 
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EXTRAIT DE LA REVUE PRATIQUE DE LA PROSPECTIVE ET DE L’INNOVATION – N° 2 – OCTOBRE 2019

Le préfixe « neuro » fait fureur. Partout fleurissent des articles ou des formations pour mettre du cerveau dans l’entreprise. Effet de mode ? Attrait de la nouveauté ? Biais futuriste ? Influence américaine ? Ou tout simplement « bullshit » ? Les neurosciences seraient-elles le nouvel « ADN » de la médiation ? Ou présentent-elles au contraire des facteurs qui menaceraient ses principes fondamentaux ?

Introduction

1 – Les neurosciences correspondent à l’étude de l’architecture et du fonctionnement des systèmes nerveux, centraux et périphériques, de notre cerveau. Elles connaissent un véritable engouement, à tel point que les années 1990-2000 ont été marquées dans le monde scientifique comme étant la « décennie du cerveau » et que l’on parle d’expansion spectaculaire des « neuro-savoirs ».

S’il y a des « neuro-savoirs », qui seront les « neuro-sachants » de demain ? Car les neurosciences ne se résument plus à une simple « science du cerveau », en ce qu’elles s’attachent désormais à étudier également les comportements, les interactions, la viementale de l’individu. De l’étude du cerveau – réservée aux scientifiques –, l’on passe progressivement vers l’utilisation des sciences du cerveau hors de l’environnement médical et scientifique. Le « neuro-droit » a déjà ses partisans. La médiation trouverait-elle un bénéfice à évoluer vers une « neuromédiation » ? Lemédiateur, pour être plus performant, devrait-il devenir un « neuro-sachant » ? Dans cette étude, après une vulgarisation certainement approximative des données de neurosciences, nous nous interrogerons sur leur capacité à optimiser un processus de médiation et leurs limites face aux principes fondamentaux d’un tel processus, et conclurons que l’apport des neurosciences à la médiation est appréciable mais nécessite de faire preuve, comme toujours en médiation, de prudence et de vigilance.

2 – Après avoir dressé un rapide état des lieux du développement et de l’utilisation des neurosciences en France (1), nous tenterons de répondre aux deux interrogations suivantes :

  • médiation et neurosciences sont-elles compatibles (2), et ;

  • qu’est-ce que les neurosciences peuvent apporter au processus de médiation (3).

  1. Bref état des lieux du développement et de l’utilisation des neurosciences en France

3 – Définitions et applications (A) permettent d’appréhender l’état du développement des neurosciences en France, et leur impact sur la matière juridique (B).

A. – Définitions et applications

4 – Les neurosciences se définissent comme « l’étude [de l’architecture et du fonctionnement] du système nerveux et en particulier celle du cerveau – associée aux notions de pensée, de conscience ou encore d’identité personnelle ». Les neurosciences sont plurielles. Elles se développent autant dans le secteur privé que dans les politiques publiques. Les chercheurs regroupent sous le terme de neurosciences « les études de la microbiologie du cerveau, des interactions entre les neurones, des cellules gliales, de neuro-endocrinologie, celles utilisant l’imagerie cérébrale tout autant que les travaux liant les activités neuronale, endocrinienne et comportementale, pour ne citer que quelque uns des multiples niveaux d’analyse qui sont étudiés » . L’objet des neurosciences occupe donc bien le champ de la biologie, et dépend en cela du travail des scientifiques.

5 – Mais les neurosciences ne se résument plus à une simple « science du cerveau », puisqu’elles s’attachent désormais à étudier également les comportements, les interactions, la vie mentale de l’individu. C’est ainsi que de l’étude du cerveau – réservée aux scientifiques –, l’on passe progressivement vers l’utilisation des sciences du cerveau hors de l’environnement médical et scientifique.

6 – C’est à ce titre que nous nous interrogerons sur l’utilisation des neurosciences en matière de médiation. Mais avant cela, retraçons déjà les interactions qui existent aujourd’hui entre les neurosciences et la matière juridique…

 

 

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Martin Thibault